SOCIETE ET POPULATION
Démographie
La République démocratique du Congo compte sept groupes ethniques et près de trois cents sous-groupes. Les principaux groupes sont majoritairement bantous : Kongo, Batéké, Luba, Lunda et Kuba. Au nord-ouest du pays se trouvent des Nilotiques, les Pygmées, qui habitent les zones forestières. La population était estimée à 68 008 922 habitants en 2008, avec une densité globale moyenne de 30 habitants au km2. Les foyers de peuplement sont concentrés dans la région minière du Shaba et dans le Bas-Congo. Moins d’un tiers de la population vit dans les zones urbaines. En 2008, le taux de natalité s’élevait à 42,50 /1000, et celui de mortalité infantile à 64 /0000, l’espérance de vie atteignant 57,6 ans. Il n’existe qu’un système limité de sécurité sociale, réservé aux salariés, pour l’essentiel des fonctionnaires. Le système de soins demeure insuffisant, alors que le sida s’étend de façon alarmante. En avril 1995, une épidémie de fièvre hémorragique due au virus Ebola (du nom de la rivière Ebola, à proximité de laquelle s’est déclarée pour la première fois la maladie en 1976) a fait plus de cent soixante morts dans la région de Kikwit, à l’est de Kinshasa.
Découpage administratif
Le pays est composé de la ville de Kinshasa et de dix provinces : Bandundu, Bas-Congo, Équateur, Kasaï-Occidental, Kasaï-Oriental, Katanga, Maniema, Nord-Kivu, Orientale et Sud-Kivu. Chaque région est administrée par un commissaire délégué. La capitale Kinshasa, ville la plus peuplée du pays, est la seconde ville francophone au monde. Les autres grandes villes sont Lubumbashi, capitale du Katanga, Matadi, située au fond de l’estuaire du fleuve Congo, et Kisangani, principale ville à l’est du pays et dernier port sur la partie navigable du fleuve Congo (où il porte le nom de Lualaba).
Institutions et vie politique
Depuis la Constitution de 1967, révisée en 1978, le Zaïre, dirigé par Mobutu Sese Seko, se caractérisait par un régime présidentiel autoritaire à parti unique. Après les manifestations des étudiants et des opposants de 1989 et 1990, le Zaïre entre dans une transition chaotique vers la démocratie. En avril 1990, le président annonce l’abandon du parti unique. L’année suivante, après de nouvelles grèves et émeutes, soixante partis sont officiellement reconnus et une Conférence nationale est constituée, afin de doter le pays d’une nouvelle Constitution, qui doit être soumise à référendum. En juin 1994, un nouvel accord entre Mobutu et les partis d’opposition démocratique permet d’instaurer un partage du pouvoir entre le président et une institution législative, appelée Haut Conseil de la république — Parlement de transition. Après sa prise de pouvoir, en mai 1997, Laurent-Désiré Kabila dissout l’ensemble des institutions et forme un gouvernement constitué de ses proches, assumant seul les pouvoirs législatif et exécutif. Le pays plonge dans une guerre civile sanglante, alimentée par l’intervention militaire des pays environnants. Après l’assassinat, en janvier 2001, de Laurent-Désiré Kabila, son fils Joseph lui succède à la tête de l’État. Après des années de négociations avec les groupes d’opposition armés afin d’aboutir à une réconciliation nationale, Joseph Kabila instaure en juillet 2003 un gouvernement d’union nationale. La question de la répartition du pouvoir pour la direction du pays est réglée par la mise en place, aux côtés du président, de quatre vice-présidents représentant les principales forces d’opposition armées et non armées. Cette transition démocratique aboutit à l’adoption d’une nouvelle Constitution, approuvée par référendum en décembre 2005 et à la tenue, en 2006, d’élections multipartites, les premières depuis l’indépendance. Ce scrutin historique, qui concerne 25 millions d’électeurs, est organisé sous le contrôle d’observateurs internationaux e
Langues et religions
La population du pays est majoritairement chrétienne, 47 % pratiquent le catholicisme et 28 % le protestantisme. La communauté musulmane est restreinte. Un habitant sur cinq adhère à des croyances animistes. Les religions syncrétiques (tel le kimbanguisme, regroupant 3 % de la population) fusionnent d’éléments issus du christianisme et de croyances traditionnelles. Le français est la langue officielle de la RDC. Sur les 220 langues locales parlées en RDC (bantoues pour la plupart), quatre se sont imposées comme des langues nationales véhiculaires : le swahili (voir Langues d’Afrique), dont le nombre de locuteurs est évalué à 35 % de la population congolaise, est parlé dans les grands centres et surtout l’est du pays (Katanga, Nord et Sud-Kivu, et sud-est de la province Orientale) ; le lingala (environ 30 % de locuteurs) est parlé à Kinshasa et dans les provinces de Bandundu, de l'Équateur et Orientale ; le kikongo (environ 15% de locuteurs) dans le Bas-Congo, et le tshilouba (15 % de locuteurs) dans les deux provinces du Kasaï.
Education
En 2005, le taux d’alphabétisation s’élevait à 89,8 %. Trois enfants sur quatre étaient scolarisés à la fin des années 1980. Cependant, les tensions politiques des années 1990 ont provoqué la chute de la fréquentation des écoles dans plusieurs régions, la scolarisation des enfants de douze à dix-sept ans étant tombée en dessous de 40 %. Bien que la scolarisation dans le troisième degré soit très faible, le pays compte trois universités, situées à Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani.
Culture et arts
Les arts et les traditions culturelles, bien qu’influencés par les cultures européennes dans les zones urbaines, demeurent préservés dans les régions rurales (voir art d’Afrique noire ; littérature d’Afrique noire). À côté des musiques traditionnelles, s’est développée une musique populaire, le soukous, essentiellement urbaine, influencée par la musique afro-cubaine (voir musiques d’Afrique noire). Le pays dispose de plusieurs musées, dont les principaux sont situés à Kinshasa et Lubumbashi. La musique du peuple mbinga de la forêt Ituri, en République démocratique du Congo (RDC), est essentiellement vocale. Les paroles ne sont pas aussi importantes que le timbre vocal et la couleur du ton. Les chansons mbinga accentuent quatre ensembles fondamentaux de voyelles : ee, eh, oh et oo. Dans cette chanson à trois temps, interprétée par des femmes, la première chanteuse passe rapidement d'une voix de poitrine à une voix de tête, produisant une ligne mélodique transmise au chœur de chanteuses. En réplique au rythme donné, chaque chanteuse étend la phrase mélodique de façon à recouvrir la voix des autres.
ECONOMIE
Généralités
Malgré la richesse minière du pays, le plus grand d’Afrique centrale, son produit intérieur brut (PIB) a chuté de 10 milliards de dollars en 1991 à 5,7 milliards en 2003. Après vingt ans de guerre et des décennies de corruption, le Congo est sur la voie de la normalisation. La mise en place d’institutions démocratiques (référendum constitutionnel de 2005, élection présidentielle de 2006) apparaît en effet comme le préalable à la restauration de l’autorité de l’État et au redémarrage de l’économie grâce à l’aide internationale – les grandes mines ne sont exploitées qu’à 10 % de leurs capacités en 2003 et 60 % du budget de l’État est financé par les bailleurs de fonds au milieu des années 2000. La dette extérieure s’élève à 11,6 milliards de dollars en 2004, tandis que plus de 75 % de la population vit avec moins de 1 euro par jour. La RDC a pu accéder à l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et elle a retrouvé pour la première fois depuis dix ans une croissance positive en 2002. À noter, cependant, qu’en raison de l’anarchie et de la désorganisation qui affectent le pays depuis de nombreuses décennies, toutes les statistiques sont à prendre avec prudence.
Agriculture
L’agriculture occupe la majorité de la population active et représentait 45,7 % du PIB en 2006. Bien que les terres du bassin congolais soient fertiles, 3 % seulement de la superficie totale du pays sont consacrés à la culture. La production annuelle se compose essentiellement de manioc, principale culture vivrière, de maïs et d’arachide. Le café constitue la principale culture commerciale, avant le caoutchouc, le coton, le cacao et le thé. Les cultures de rapport ont considérablement chuté au profit des cultures vivrières après la nationalisation, dans les années 1970, des plantations exploitées par des étrangers. En 2006, le bétail comprenait 20 millions de volailles, 4,02 millions de caprins, 757 000 bovins, 900 000 moutons et 960 000 porcs. L’élevage bovin est concentré sur les hauteurs, en raison de la forte présence de la mouche tsé-tsé dans les plaines. La pêche, pratiquée surtout en eau douce, fournit une partie importante de l’alimentation. En 2006, la production de bois était de 75,8 millions de m3, principalement utilisés comme combustible domestique, l’acheminement du bois vers la côte étant extrêmement difficile.
Mines et industries
15 % de la population active travaille dans les secteurs miniers et industriels, qui contribuaient pour 27,7 % au PIB en 2006. Les ressources minières constituent la principale richesse du pays, qui détient la moitié des réserves mondiales de cobalt et l’une des plus importantes réserves mondiales de cuivre. Il était d’ailleurs le premier producteur mondial de cobalt avec 6 100 t de minerai en 1996, deuxième pour les diamants en 1995 avec 20 millions de carats ; avant 1991, le cuivre était toutefois le produit d’exportation le plus lucratif. Les autres ressources minières sont l’étain, l’or, l’argent, le zinc, le manganèse, le tungstène et le cadmium. Les gisements de pétrole en mer sont exploités depuis 1975. Enfin, le barrage d’Inga, sur le fleuve Congo, représente le plus important potentiel hydroélectrique d’Afrique. L’industrie, qui s’est développée autour de l’exploitation de minerais, en particulier du cuivre, a été particulièrement frappée par la récession économique et par la destruction des infrastructures à cause de la guerre (routes, ports…).
Tertiaire et commerce extérieur
L’unité monétaire instaurée en 1993, le nouveau zaïre, divisible en 100 makuta, qui valait 3 millions d’anciens zaïres, est redevenue le franc congolais après l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. L’opération de substitution visait à enrayer l’hyperinflation ; elle n’a cependant pas produit les résultats escomptés. Depuis 1995, le système bancaire a pratiquement cessé de fonctionner, le cours de la monnaie étant fixé par le marché noir. Les difficultés commerciales du pays sont renforcées par la dégradation des voies de communication. Le chemin de fer, avec un réseau de 3 641 km, représente un important moyen de transport à l’intérieur du pays, et permet des liaisons avec le port angolais de Benguela, ainsi qu’avec l’est et le sud de l’Afrique. La détérioration des routes (153 497 km), depuis 1990, perturbe l’approvisionnement des marchés et le transport des ressources naturelles. Le réseau fluvial, s’étendant sur 17 285 km de voies navigables, est particulièrement utilisé, le Congo étant partiellement navigable, de son embouchure à la ville de Matadi et en amont de Kinshasa. Le pays dispose de cinq aéroports internationaux. Les communications dépendent largement des transports aériens et des services télégraphiques. Le commerce extérieur de l’ancien Zaïre, traditionnellement déficitaire, avait paradoxalement connu un faible excédent en 1991 ; le cuivre représentait alors plus de la moitié des recettes d’exportation du pays. La Belgique, les États-Unis, l’Allemagne et la France sont traditionnellement les principaux partenaires commerciaux du pays.
HISTOIRE
La Constitution adoptée le 17 février 2006 pose les bases d’un État démocratique. Elle instaure un régime semi-présidentiel dans un État unitaire, mais fortement décentralisé — les vingt-cinq provinces (plus la ville de Kinshasa) qui composent l’État sont en effet dotées d’une large autonomie exercée par une Assemblée et un gouvernement provinciaux. Le chef de l’État est le président de la République. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire. Le Premier ministre dirige le gouvernement et conduit la politique de la nation, élaborée en concertation avec le président de la République. Les domaines clé des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité sont du ressort commun du président de la République et du Premier ministre. Le pouvoir législatif est exercé par un Parlement composé de deux chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat. L’Assemblée nationale comprend 500 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Les sénateurs sont élus au suffrage indirect par les Assemblées provinciales pour un mandat de cinq ans. Le gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale, qui peut voter une motion de censure. Le président de la République a le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de crise persistance avec le gouvernement. Le pouvoir judiciaire est indépendant de l’exécutif et du législatif. Divisé en trois ordres juridictionnels, il est chapeauté par la Cour de cassation (ordre judiciaire), le Conseil d’État (ordre administratif) et la Cour constitutionnelle.
CAPITALE et villes principales
Kinshasa est la capitale de la République démocratique du Congo. Fondée en 1881 par l'explorateur anglo-américain sir Henry Stanley, Léopoldville prend le nom de Kinshasa en 1966. La ville est située dans l'ouest du pays, sur la rive sud du fleuve Congo, face à Brazzaville (capitale du Congo). Le fleuve est l'un des principaux axes de communication et de commerce de la République démocratique du Congo, qui ne dispose pas d'accès à la mer.
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